LES REVERS
DE LA MÉDAILLE
client : axial design
écriture de l’ensemble des textes expographiques
(1 module de présentation + 5 modules "histoires")
déclinaison des 5 histoires en versions longues
pour des supports digitaux
écriture de textes destinés à la communication du projet
Le projet repose sur ces histoires de sportifs et de sportives qui se sont engagés pour ce qu’ils croyaient juste, faisant fi des obstacles : règles, conventions, fédérations, politique…
Leurs engagements, immortalisés par des photographies entrées dans la postérité, ont souvent bouleversé leur carrière, parfois leur vie. Leurs engagements ont empreint l’histoire du sport, mais aussi celle de nos sociétés. Leurs engagements nourrissent encore de lointains échos, jusqu’à notre actualité, jusqu’à nos convictions, jusqu’à nos consciences citoyennes.

Bras d’honneur à Moscou
Décembre 1979, Kaboul : deux divisions de l’armée de l’air soviétique amorcent l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS.
La guerre froide s’échauffe brusquement. Plusieurs dizaines de pays décident de boycotter les jeux Olympiques de Moscou à venir.
30 juillet 1980, stade central Lénine de Moscou : lors de l’épreuve de saut à la perche, 70 000 Russes survoltés acclament leur champion Volkov, grand favori pour décrocher une énième médaille d’or dans ces JO où le pays organisateur rafle tout ou presque. Mais voilà que le Polonais Wladyslaw Kozakiewicz, sous les vives huées de la foule, s’envole chaque saut plus haut dans le ciel moscovite. D’abord plus haut que Volkov, puis plus haut que le précédent record du monde.
« Koza », athlète d’une Pologne plusieurs fois envahie et longtemps écrasée par l’ogre soviétique, prolonge ce formidable pied de nez d’un non moins formidable bras d’honneur. Ni rageur, ni haineux, mais un bras d’honneur unique en son genre : heureux, presque hilare.
L’espace de quelques instants devenus éternels, un homme interrompit à lui seul la marche forcée d’un empire, avec irrévérence et sourire ravageur. L’athlète se gardera bien d’alimenter ces interprétations politiques, ne souhaitant pas attiser l’immense polémique qui enfle. Sa carrière s’en trouvera néanmoins durement impactée.
Je suis juste fier d’avoir montré qu’on pouvait résister, chacun à sa manière. Mais ce n’était sûrement pas héroïque, dira bien plus tard l’athlète polonais, que l’ironie du sort a fait naître en Union soviétique.


Un peu plus de 800 mètres
Aux États-Unis, les femmes ont le droit de vote depuis 1920. En 1967, elles n’ont toujours pas le droit de courir plus de 800 mètres. Les autorités médicales pensent que cela pourrait déformer leur corps, voire décrocher leur utérus. Il est tout simplement impensable pour une femme d’entreprendre la course reine d’alors, le marathon de Boston et ses 42,195 kilomètres.
Ce 19 avril 1967 pourtant, Kathrin Switzer, une jeune femme de vingt ans, se tient sur la ligne de départ. Cette étudiante en journalisme, seule fille de son club de course, s’est préparée assidûment pour l’évènement, envers et contre tout ce que lui dit sa société.
Après quelques kilomètres, Jock Semple, l’organisateur du marathon, remarque sa présence. Il se met à ses trousses.
Le triptyque montre une femme qui ne fait que courir, poursuivie par un homme en noir, résolument convaincu à lui arracher son dossard et sa légitimité. Il est repoussé vigoureusement par le coach et le petit ami de Kathrin.
Dans un climat on ne peut plus hostile, la jeune femme puise dans sa révolte la force et le courage de boucler le marathon en 4h20. Elle est immédiatement disqualifiée et suspendue, mais qu’importe, elle vient d’ébranler les idées reçues.
Dès que j’ai franchi la ligne d’arrivée, j’ai su que ça allait être le combat de ma vie.
5 ans plus tard, les femmes pourront concourir au marathon de Boston. Kathrin participera quant à elle activement à l’organisation de plus 400 marathons féminins aux quatre coins du monde.